Et vous passerez comme des vents fous, Clara Arnaud

Deux histoires d’ours qui n’ont rien à voir avec Boucle d’or ni les Bisounours…

Celle de Jules qui décide de dresser son ourse capturée très jeune pour en faire un « ours savant ». Un jour de printemps 1883, à Arpiet, il subtilise un ourson dans sa tanière et « inaugure la vie saltimbanque ». Le dressage sera raconté au fil du texte ainsi que la fin tragique de Jules, ébloui par sa gloire, ayant négligé toutes les alertes envoyées par son ourse…

La seconde histoire, sans lien apparent avec la première, si ce n’est le lieu, est contemporaine et d’actualité: c’est celle de Gaspard qui a décidé de reprendre le chemin de l’estive et mène les brebis de différents bergers du village. Sa femme Lucie est d’accord pour cette vie rude et simple qui semble lui convenir,  même si cet homme est fragilisé par un drame vécu l’été précédent.

Les troupeaux sont énormes et, malgré la présence des patous et des chiens de berger, une ourse rôde la nuit. Les nerfs du berger sont soumis à rude épreuve.

Dans le même temps, Alma, une jeune chercheuse éthologue, tente de pister l’animal pour cerner son comportement. Elle est amoureuse de la nature (comme notre écrivain).  » Les deux ours cheminent et se restaurent sur le flanc, qu’elle contemple, recevant leur présence comme un cadeau, ne sentant plus ses genoux torturés par l’immobilité, ni l’humidité qui a imprégné ses vêtements, ses fesses mouillées, la fatigue de la nuit trop brève, elle est absorbée par cette rencontre. » (page 249)

Mais les bergers ne supportent plus cette occupation de la montagne par les ours. Réchauffement climatique oblige, les troupeaux montent de plus en plus haut pour trouver de quoi brouter et empiètent sûrement sur le territoire de l’ourse.

On ne dévoile jamais la fin d’un roman. Rien n’est résolu quand on referme le livre, ce qui est appréciable, car on imagine bien que la cohabitation est difficile. Clara Arnaud soulève des questions qui lui tiennent à coeur. Grande voyageuse et écrivain, sur diplômée, son parcours est atypique. Sa prose est fluide, parfois lyrique, soulignant la splendeur de la nature et en particulier de la montagne. Un roman peut-être un poil (à gratter!) trop long?

Et vous passerez comme des vents fous, Clara Arnaud, Actes Sud, 2023, 371 pages

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