Les naufragés du Wager, David Grann

1740 : le vaisseau de ligne de Sa Majesté le HSM Wager, 250 officiers et hommes d’équipage à bord, appareille avec toute une flotte sous le commandement du commodore Anson en mission secrète pour piller les cargaisons d’un galion de l’Empire espagnol.

Le recrutement des hommes d’équipage est inénarrable. Souvent forcés, les recrutés n’ont souvent qu’une idée en tête, se sauver. C’est pour cela que le vaisseau est amarré suffisamment loin des quais pour que des déserteurs éventuels ne puissent pas retourner à terre. N’oublions pas qu’un certain nombre de marins ne savaient pas nager!

Les conditions de vie à bord sont déplorables : promiscuité, inconfort total, aucune source de chaleur pour se sécher un peu et se réchauffer. Après avoir franchi le cap Horn et bravé des tempêtes épiques et des vagues monstrueuses, après avoir subi typhus, scorbut et autres maux qui décimèrent l’équipage, le Wager fait naufrage. Une poignée de malheureux parvient sur une île désolée au large de la Patagonie. Chaos, morts… affrontements.. Le commandant Cheap, placé sous l’autorité du commodore Anson, souhaite garder le même fonctionnement et avoir la même autorité qu’à bord, mais son pouvoir vacille. Il tue un matelot devant témoins. Les clans se divisent sur la stratégie à adopter pour s’en sortir. Certains pensent qu’il faut tout mettre en oeuvre pour rentrer en Angleterre, d’autres -le parti du commandant- affirment qu’il faut effectuer la mission et retrouver le reste de la flotte pour pouvoir l’accomplir. La divergence de points de vue créent de sérieuses dissensions, souvent des bagarres violentes.

En Angleterre, on les pense tous morts. 29 survivants réapparaissent au Brésil 293 jours après la catastrophe qui eut lieu le 14 mai 1741. Puis, 3 mois plus tard, surgissent 3 rescapés de plus.

Deux cartes nous permettent de suivre les trajets respectifs de ces deux groupes, le premier ayant pris le détroit de Magellan et remonté le long des côtes de la Patagonie et de l’actuelle Argentine. L’itinéraire des naufragés de la deuxième équipe est pour le moins sportif. Des indigènes les ont guidé charitablement le long du Pacifique ; ils ont remonté les côtes chiliennes avec un passage extraordinaire où ils désossent les barques et les portent dans les rochers et la nature sauvage.

La fin du livre nous raconte comment chacun des survivants a essayé de préserver son honneur et sa tête (!), car en effet beaucoup d’entre eux craignent d’être accusés de mutineries, donc d’être pendus… Un nombre impressionnant de documents authentiques est parvenu jusqu’à nous : journaux de bord, témoignages des anciens naufragés, livres écrits au retour. Notre auteur a compulsé le plus possible et son récit sonne vrai.

La quatrième de couverture le désigne comme « un des maîtres de la littérature du réel. » J’ai trouvé ce livre passionnant, avec néanmoins une première partie un peu indigeste pour un lecteur non averti.

Les naufragés du Wager, David Grann, traduit de l’anglais (E.U) par Johan-Frederik Hel Guedj, éditions du sous-sol, 2023, 437 pages avec les notes

 

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